Monographie
de la commune
de
LAPUGNOY
Avant Avant propos
Ces pages proviennent de la recopie partielle manuscrite de cahiers originaux rédigés par le père Coudronne curé de LAPUGNOY de 1906 à 1915 Ces originaux ont depuis disparu.
De façon à respecter les souhaits de l’auteur dans son avant propos mais aussi parce que LAPUGNOY a été le berceau de la famille MANIEZ, j’ai entrepris la saisie informatique de ce manuscrit pour qu’il puisse être facilement diffusable et communiqué à toute personne intéressée. . Certains mots sont demeurés illisibles et d’autres ont pu faire l’objet d’erreurs de transcription . Veuillez nous en excuser .
Je remercie Michel MANIEZ qui s’est procuré ces cahiers auprès de Mme Corbier qui les gardaient précieusement .
Jean Paul MANIEZ
Ce manuscrit de la monographie de LAPUGNOY contient un certain nombre de pages que St Beuve appelait spirituellement « provisoires »
Avant propos
« C’est une chose ingrate que d’écrire les choses qui se sont passèes » disait l’historien latin Salluste « Arduum est res scribere ». Mais la tache est bien plus dure et plus ingrate d’écrire l’histoire d’un village qui n’a ni passé historique, ni faits bien remarquables, ni curiosités naturelles à son actif, ou les archives de la commune sont peu explicites, très sommaires et ne remontent pas bien haut, ou les vieillards ne savent presque rien du passé.
A différentes reprises déjà, nous nous étions mis à l’œuvre pour écrire cette histoire, mais chaque fois nous avons reculé, découragé devant la difficulté de l’entreprise, sans toutefois jamais cesser complètement nos recherches
Aujourd’hui que les notes recueillies de différents cotés se sont accumulées, nous voulons conserver les souvenirs qui illustrent notre sol. Car les souvenirs sont comme les morts dont ce serait impie de disperser la poussière au vent et qu’il faut savoir honorer
Passionné par tout ce qui touche au passé, nous n’avons jamais compris l’ignorance et l’indifférence quasi générale qui règnent sur un sujet que chacun devrait connaître ou tout au moins tacher d’apprendre « l histoire de son pays »
Sans doute il est bon, utile, agréable de connaître l’histoire de nos principales villes, mais n’est ‘il pas aussi intéressant, beaucoup plus naturel, meilleur de connaître un peu l’origine, et les faits principaux du lieu ou l’on est né, ou l’on vit, ou du moins ou l’on a vécu ou l’on a de puissantes attaches.
Heureux serions-nous de contribuer à faire connaître cette histoire à la génération présente et aux générations futures.
Ce que nous publions est bien incomplet, sans doute, mais du moins nous aurons ouvert le dur sillon, nous aurons semé le premier grain d’une maigre récolte et de la viendra peut être la semence des grandes moissons futures car nous en avons le ferme espoir, il se trouvera quelqu'un parmi nos successeurs peut être qui reprendra notre tache et pour qui nos patientes recherches ne seront pas perdues et alors quand nous aurons terminé notre carrière, notre effort demeuré vivant produira ses fruits pour humanité.
Les longues heures que nous avons vécues dans la compagnie des hommes et des choses d’autrefois n’ont pas été perdues pour nous. Elles ont d’abord étendu notre expérience. Celui qui ne connaît pas le passé aveugle va dans le présent dit un vieux poète espagnol : « quien no sale el passada tiego va el presente »
Elles ont fortifié nos espérances chrétiennes et en quelque sorte prolongée notre vie en arrière par delà le tombeau sel on une expression célèbre. Ce n’est pas sans motif que nous intitulons ce livre « l histoire de notre paroisse » et non de notre commune car durant des siècles ce fut autour de l’église que se maintiennent les seuls groupements durables.
Pour accomplir notre travail, nous avons consulté les papiers de la famille Du Hays, mis gracieusement à notre disposition par M Alphonse Du Hays , nous avons fouillé toutes les archives de la commune et de la paroisse , les archives de la ville de Béthune , les archives départementales , l’histoire de Robespierre par M Paris, l’histoire des moines de l’abbaye de Chocques par l’abbé Robert, curé de Grigny, l’histoire de Divion par l’abbé ed Bourgeois , « les esquisses généalogiques » par M Alphonse Du Hays, le dictionnaire de la noblesse, le clergé d’Arras, Boulogne et St Omer pendant la révolution de Monsieur de Ramecourt nous ont donné de précieux renseignements , mais surtout les notes et les souvenirs personnels de Mr Emile Legrand , enfant du pays , La direction qu’il nous a donnée nous a été d’un puissant secours. Qu’il veuille bien recevoir ici l’expression de notre vive reconnaissance ! Nous avons fait dans l’histoire de notre paroisse grand usage des lettres et c’est à dessein car la valeur des lettres au point de vue historique est très grande. Pour notre part nous avons pleinement remonté cette jouissance que Mr le duc de Broglie a si bien décrite pour l’avoir heureusement mise en pratique.
(1) « des que l’on a goûté une fois les correspondances, on ne croie plus ou on ne se fie plus qu à cela en fait de témoignage historique ; tout autre parait officiel ou suspect, mais en revanche pouvu qu’il soit original et authentique le moindre billet a son prix si le correspondant est un personnage inconnu, il y a un véritable intérêt à apprendre de lui ce que pensaient des évènements que nous apercevons dans le lointain, ceux qui les ont vus se dérouler devant eux, ceux qui les touchaient pour ainsi dire du doigt et ce commun des hommes qui fait à chaque moment l’opinion publique. Si les détails racontés sont eux insignifiants, il est rare qu’ils ne mettent pas sur la voie de quelque trait de mœurs qui fait assister au train journalier de la vie de ses pères »
Et maintenant en quelques pages développer, éclairer, échauffer dans l’âme de ses paroissiens, l’amour du clocher, principe et soutien du véritable patriotisme, maintenir ou raviver les saines traditions du passé, appuyer victorieusement la vie noble et droite des ancêtres, aux égarements passagers de leurs descendants, contrariés par des exemples précis tirés du sol natal ce trop faible engouement pour le progrès moderne qui transporte notre siècle et qui repose le plus souvent sur l’ignorance, le dédain ou l’oubli du bon vieux temps. Puissent ‘elles lutter davantage contre cette centralisation dangereuse qui attire dans les villes toutes les forces vives de la nation et préparer l’avenir par le labeur du présent et les exemples du passé.
L COUDRONNE
(1 ) Mr le Duc de Broglie Frédéric II et Marie Thérèse préface
Voltaire a écrit que la fable est la sœur aînée de l’histoire. Ne seraient ‘elles pas plutôt sœurs jumelles ?
L’histoire dit Renan est une pauvre petite science conjecturale
Cela est vrai soit que l’on essaye d’attendre la vérité ancienne ou actuelle
L’histoire de notre paroisse
Chapitre premier
Haute antiquité du village de Lapugnoy
Les différents noms et significations de ses noms
La situation géographique et topographique, forme, orientation, longitude et latitude, altitude
La distance des chefs lieu de canton, arrondissement, du département, de la capitale, description
Le village de Lapugnoy remonte, croyons-nous à une très haute antiquité. Il devait exister dès avant le Véme siècle de l’ère chrétienne. Ce qui nous le fait croire, c’est son voisinage de Lozinghem, Gonnehem, Floringhem.
Et le nom de ECK qu’il portait lui-même primitivement.
Les noms de ces trois villages Lozinghem, Gonnehem et Floringhem rapprochés de Lapugnoy sont certainement saxons, viennent des saxons, mais à quelle époque doit t’on faire remonter ces noms ? Ici se présente un fait d’une importance extrême. Si vous consultez une carte bien faite et détaillée de l’Angleterre, vous serez frappé du nombre très considérable de noms en « inghem » qui se rencontrent depuis le comté de Kent jusqu’au Northemberland et seulement la. Le Cornouaille n’en a guère. Le pays de Galles n’en a pas. Il n’y en a que dans les limites de l’ancienne Heptarchie saxonne. Mais la ils foisonnent ! On y trouve les Buckingham, Birmingham, Nottingham, et des centaines d’autres et ce serait une nomenclature fort longue que celle qui les comprendrait tous. Disons aussi que des passages de l’histoire ecclésiastique des Anglais par Béde nous prouvent que la terminaison de ces noms fut d’abord « ingaham. Or on sait parfaitement la date de l’invasion saxonne dans la Bretagne : le milieu du Vième siecle. d’autre part la différence légère mais importante pour la question, la différence que l’on remarque entre la terminaison « ham » des noms de lieux en Angleterre et la terminaison « hem » des noms de lieux de la Morinie, nous indique une invasion plus récente chez les Bretons, puisque la forme « ham » est anglosaxonne tandis que la forme « hem » est un vieux saxon. Donc nos villages en « inghem » sont plus vieux que le Vième siècle ! Nous pouvons donc conclure que si les villages de Lozinghem, Gonnehem, Floringhem sont plus vieux que le Vième siècle, il y a tout lieu de croire que le village de Lapugnoy est lui aussi plus vieux que le Vième siècle. Du reste le nom « Eck » que portait primitivement notre village est lui aussi un nom d’origine saxonne et l’on peut par conséquent faire à son sujet le même raisonnement que fait Mr l’abbé & Van Drival au sujet des noms en « inghem »(1)
Même avant la période romaine, notre pays a été certainement habité et il me semble que l’on pourrait tacher de donner une idée de ce qu’il était alors probablement. Une remarque facile à faire c’est que les noms de villages situés au sud de la Clarence et ceux qui sont situés au Nord sont complètement différents au sud dominent les noms à tournure latine : Labeuvriere, Labuissiere, Bruay (Brutu Aqua) , Divion(Divium)
(1) Mr l’abbé & Van Dieval étude sur quelques noms de lieux à forme étrangère qui ne se rencontrent que dans le Pas de Calais.
Au Nord les localités portent plutôt des noms à tournure germanique Gonnehem, Eck, Lozinghem …… Allouagne. Cela provient selon moi qu’autrefois notre rivière avait bien une plus grande importance que maintenant. N’étant pas endiguée, elle formait une sorte de marécage qu’il n’était pas facile de franchir. Aussi as t’elle du servir de ligne de démarcation entre peuplades différentes. An Nord c’était les Morins, au sud les Atrébates. Tout semble indiquer que notre pays faisait partie de la Morinie et que nos ancêtres étaient de ces indigènes que Jules César en 54 avant JC trouve vivant misérablement sous des huttes qu’il appelle « augusia » sortes de cuvettes rondes creusées assez profondément dans le sol et recouvertes d’un toit formé de troncs d’arbres et d’un branchage souple, le tout entremêlé de feuilles et de terre. Même antérieurement à cette époque, nos ancêtres de l’age de pierre ont peut être vécu dans nos bois sur le bord de nos étangs. leur seules occupations étant la chasse et la pêche, ils trouvèrent ici de quoi satisfaire leurs besoins. Les silex de nos carrières leur offrait en outre en abondance la matière première de leurs outils et de leurs armes.
A quelle époque remontent ces noms ? Si la réponse n’est pas faite nous savons qu’un essai d’invasion a été fait au III ième siècle, essai repoussé par Carausins. Nous savons que sous Auguste il y a eu des mouvements analogues et même on peut suivre l’histoire de ces expéditions des hommes du Nord jusqu’au IV ième siècle avant JC. « Le champ est vaste on le voit » (1) & Van Dieval Etidum.
Une seconde raison nous fait croire à la très haute antiquité de Lapugnoy, antiquité qui pourrait remonter comme le dit le savant chanoine de l’église d’Arras & Van Dieval jusqu’au IV ième siècle avant Jésus Christ. C’est que s’il faut en croire une note trouvée aux archives de la mairie de Lapugnoy, on a découvert sous une partie du cimetière actuel et des terrains environnants une grande quantité de fragments de poteries gallo romaines mélangées à du charbon. C’est dans l’histoire de la translation des reliques de Sainte Christine en Artois et dans l’histoire de l’abbaye de Chocques que nous trouvons les premières mentions de notre paroisse.
Une tradition plus de huit fois séculaire rapporte que deux pèlerins français ayant entendu perler des prodiges accomplis au tombeau de Sainte Christine à Bolsène petite ville du diocèse d’Ovieto en Italie s’y rendirent en pèlerinage. La, soit qu’ils voulurent faire profiter leur patrie des précieuses reliques qu’ils étaient venus vénérer et auprès desquelles ils avaient éprouvé de si douces consolations et peut être été témoins de plusieurs prodiges, soit que la sainte martyre elle-même leur en ai envoyé l’inspiration. Dans l’intention d’être honorée dans nos régions. Ces deux pèlerins, profitant d’un moment ou ils étaient seuls s’emparèrent sinon totalement du moins d’une partie des reliques de Sainte Christine.
Leur pieux larcin une fois accompli, ces deux hommes se dirigèrent en toute hâte vers la France. Arrivés aux confins de la Flandre, ils furent obligés de se séparer car l’un d’eux tomba malade. celui qui était valide continua sa route chargé de son riche fardeau et arriva un soir harassé de fatigue au hameau d’Eck. Après avoir soigneusement caché son trésor, il alla demander l’hospitalité au prêtre qu’il trouva dans cet endroit et tomba à son tour malade au point que bientôt son état fut désespéré. Il se décida alors à raconter au prêtre qui l’avait accueilli tout ce qu’il s ‘était passé et lui réléva l’endroit ou il avait caché les reliques de Sainte Christine puis il mourut ave cde grands sentiments de piété et fut enseveli dans le cimetière du lieu. Apres avoir rendu au pèlerin de Bolsène les derniers devoirs le prêtre se rendis accompagné de quelques hommes de confiance à l’endroit qui lui avait été désigné et y trouva le précieux dépôt qu’il plaça dans son église.
Cette tradition a de fortes présomptions en sa faveur démontre Mr le chanoine Osere dans son histoire de Sainte Christine ( pages 25,28,29).
Nous sommes complètement de son avis sur ce point, mais ou nous ne sommes plus du tout de son avis, ou il nous paraît avoir fait, au détriment de la tradition et de la vérité, une concession à l’amour du clocher natal, c’est lorsqu’il dit par deux fois à la page 25 et 29 de la vie de Ste Christine (1ere édition) que les 2 pèlerins mêlés au larcin de Bolsène ont apporté les reliques sur le territoire de Labeuvrière. Cette assertion de Mr le chanoine Ocere est bien plus accentuée encore dans une petite brochure publiée en 1864 par Mr Durut Curé de Labeuvrière, brochure dépourvue de toute critique et ou se trouvent plusieurs erreurs manifestes. Amis elle est complètement démentie par les traditions locales tant de Lapugnoy que de Labeuvrière.
A Lapugnoy les gens du pays qui disent tenir cela de leurs ancêtres, racontent que les reliques de Ste Christine ont été apportées sur la rive gauche de la Clarence au lieu encore appelé aujourd’hui Eck près de la maison appartenant à ….. ……. ? et occupé au moment ou nous écrivons par la famille Bouchard Beugin et que la elles ont été déposées dans les branches ou dans le trou d’un saule. Ce lieu se trouve à quelques centaines de mètres du lieu ou était l’église d’Eck situé à l’emplacement du cimetière actuel.
A Labeuvrière la tradition transmise de père en fils enseigne que les reliques de Ste Christine ont été déposées primitivement sur la rive gauche de la Clarence à Eck en Pugnoy et ils ajoutent non pour l’avoir appris de la tradition mais uniquement pour se faire valoir par vantardise , que si plus tard les reliques de Ste Christine ont été transportées à Labeuvrière , c’est que la sainte a voulu punir les habitants de Lapugnoy de leur mauvais accueil , de leur inhospitalité et récompenser les habitants de Labeuvrière de leurs vertus ! ! !
Ce n’est donc pas sur le territoire de Labeuvrière que les reliques de Ste Christine ont été transportées primitivement mais bien plus probablement sur le territoire de Lapugnoy au lieu qui porte le nom aujourd’hui de Eck. Ce n’est donc pas dans l’église de Labeuvrière dédiée à St Pierre qu’on été déposées les reliques de Ste Christine mais bien plus probablement dans l’église d’Eck située à l’endroit du cimetière actuel et dédiée à Ste Anne d’abord puis à St Vaast. Ce n’est donc pas dans le cimetière de Labeuvrière qu’a été enterré le pèlerin français qui a apporté les reliques de Ste Christine mais bien probablement dans le cimetière actuel de Lapugnoy situé sur le mont d’Eck.
Du reste quand bien même les reliques de Ste Christine eussent été découvertes à l’endroit ou se trouve la chapelle de Ste Christine comme le dit dans son chauvinisme le curé Durut il ne serait pas certes vrai de dire que ces reliques ont été apportées à Labeuvrière car jusqu’à la fin du XVIII ième siècle le village de Lapugnoy s’étendait jusqu’au ruisseau de Ste Christine comme nous le verrons plus tard jusqu’à l’endroit ou se trouve la chapelle.
Si une chapelle a été édifiée à cet endroit avant la révolution et restaurée en 1802, ce n’est pas comme l’affirme Mr Durut pour perpétuer le souvenir de la translation à cet endroit mais pour ménager l’amour propre des deux paroisses.
Plus probablement encore le souvenir des miracles opérés à la fontaine de Bolsène par Ste Christine a donné l’idée de construire l’oratoire prés d’une fontaine dont la croyance populaire ne manquerait pas de voir une fontaine miraculeuse.
A quelle époque eu lieu sur le territoire de Lapugnoy cette translation des reliques de Ste Christine, il est difficile de le dire. On a cru longtemps que la translation avait eu lieu au Vième siècle, ce qui c’était prouvé serait une nouvelle preuve que notre paroisse existait dés avant le Vième siècle. Mais cette opinion semble devoir être abandonnée. D’abord il ne paraît pas du tout probable qu ‘ au Vième siècle, il y ai eu déjà une église dans notre village et par conséquent si la translation avait eu lieu au Vième siècle comme le pensent d’anceinn… ? , Les reliques les reliques n’auraient pas pu être déposées comme le dit la tradition dans l’église d’Eck qui n’existait pas.
Les faits signalés par la tradition doivent être postérieurs de beaucoup au Vième siècle et avoir eu lieu avant la fin du XIième à une date assez rapprochée de la fondation du prieuré de Labeuvrière bâti pour recevoir et garder les reliques de Ste Christine à l’extrême limite du Xiième siècle 1197 écrit Mr Charles de Linas ?. 1097 dit’on plusieurs hommes nobles de l’Artois en tête desquels figurait Calin de La Beuvrière ( cette famille étant une branche cadette de la famille De Béthune), Gauthier Li Bornes et Heliphus son frère du même lieu , Lambert de Crokes et Raoult de Marles fêtèrent les fondements d’une église dédiée à Ste Christine vierge et martyre dont le corps avait été trouvé non loin de Béthune sur les paroisses réunies d ‘ Ecques (La Pugnoy) et La Beuvrière. Afin que la célébration des saints mystères ne fut à jamais interrompue dans le temple qu’ils construisaient, les seigneurs précités y déposèrent les reliques de Ste Christine et en confièrent la garde à trois religieux venus de l’abbaye de Charroux ajoutant à leur présence libéralité pour assurer l’existence des moines une certaine quantité de terres avec concession de justice haute moyenne et …. ? et l’exercice de tous les droits féodaux sur ces mêmes terres (1). Les faits énoncés ci dessus sont consignés tout au long dans une charte de Robert Jérusalem datée de l’an 1100.
(1) Charles de Linas membre non-résident du comité impérial des travaux historiques et des sociétés savantes : notice sur Labeuvrière. Mr le chanoine Occere cite ce passage dans la vie de Ste Christine mais supprime ce qui regarde Lapugnoy au X ième siècle du moins vers le XI ième, 2 que les reliques de Ste Christine ont séjourné un temps assez long dan l’église d’Ecq Lapugnoy du moins jusqu’en 1097, époque de la construction du prieuré de Labeuvrière destiné à abriter et à garder les reliques de notre sainte.
Il est possible et probable même que Lapugnoy ait eu sur son territoire des terres appartenant au prieuré de Labeuvrière à la fin du XVIII ème siècle puisque Lapugnoy figure avec une vingtaine d’autres paroisses sur la liste de celles ayant des terres concédées.
Mais dira t’on comment se fait ‘il que les habitants d’Eck Lapugnoy d’alors aient consenti à se laisser dessaisir de leur précieux trésor ? Cela est très facile à comprendre. Lapugnoy et Labeuvrière ne devaient avoir alors comme dans la suite jusqu’en 1845 qu’un seul et même curé résidant à Eck Lapugnoy. Ce curé desservait à la fois l’église d’Eck qui se trouvait à l’emplacement du cimetière actuel sur le mont d’Eck et l’église de Labeuvrière dédiée à St Pierre et située non loin de la Clarence, en contrebas de l’église actuelle près de l’emplacement de la halte actuelle du chemin de fer.
Je crois que le curé d’Eck au XI ième siècle n’aurait pu s’opposer efficacement à la translation des reliques car il n’était probablement que le chapelain d’un seigneur quelconque du Mont Sorel peut être. Presque toutes les églises alors dans les campagnes étaient des chapelles castrales. Le chapelain dépendait du seigneur et ce que ce dernier décidait devait avoir chance de s’exécuter. Iil est fort probable qu’à cette époque il y avait une chapelle également dépendant du château du Mez. Le jardin du curé, nom sous lequel l’ancienne maison de v……. était connue indique selon moi qu’il y eu autrefois un demeurant pour cette partie du ?
Le curé d’ Eck Lapugnoy d’alors n’a pas du voir grands mouvements a ce que l’on transporta des reliques de la sainte dans un pays qu’il n’habitait pas il est vrai mais sur lequel il avait juridiction , dont il était le chef religieux . dans sa vénération et son amour pour Ste Christine il a du voir avec bonheur sur et ses paroissiens d’Eck Lapugnoy , que des familles puissantes, riches et pieuses d’un paroisse toute proche et dont il était le père spirituel. s’ associer pour édifier en l’honneur de Ste Christine un sanctuaire digne d’elle et ou elle recevrait des hommages spéciaux et qui deviendrait le centre de pèlerinage fréquenté .
Dans l’histoire de l’abbaye de Chocques , nous trouvons de nouvelles mentions de notre paroisse. Nous y lisons que « en 1199 Baudouin de Béthune(1) (1) compagnon de Godefroy de Bouillon compagnon d’Albermarle ?
Et seigneur de Chocques , par une charte munie de son sceau abandonne son moulin de Lapugnoy , du consentement d’ Hadewide sa noble épouse à l’abbaye dites St Jean Baptiste de Chocques . l’abbaye de Chocques reçut , l’an 1202 de ce même Baudouin son moulin de Lapugnoy par acte signé de l’abbé Guillaume et de plusieurs autres seigneurs de la contrée. Le noble Comte, sur le point de se rendre à Jérusalem pour la délivrance du tombeau du sauveur assure à cet abbé ( Guillaume) et ses religieux les biens dont les avaient gratifiés ses prédécesseurs ; dans toute l’étendue de ses terres tant à Chocques St Sauveur , Lapugnoy qu’à St Pierre Mesnil et Ecques. Une charte scellée de son sceau atteste cette reconnaissance. Baudouin de Béthune , a son retour de la terre sainte, comme souvenir de cette glorieuse expédition donna à l’église St Jean des Retz de Chocques une bien rare et précieuse relique , un cheveu de la Sainte Vierge que l’abbé Guillaume inaugura alors avec bonheur dans son église( histoire de la maison de Béthune par Duchesse Lemire)
Le martyrologe de l’abbaye de Chocques relate que Mathilde de Béthune dame de ce bourg et mère de Béatrice Comtesse de Guînes donna aux religieux de ce monastère les viviers de Lapugnoy. en échange l’abbaye devait lui chanter un obit solennel chaque année le 4 des ides de décembre sur l’autel de la Ste Vierge près de son tombeau. Ce jour à midi , le repas commencé , on apportait aux religieux quantité de poissons frais pris à Lapugnoy. Avant d'être placés sur la table du réfectoire ainsi que du beurre et des œufs , tous se levaient et l’abbé récitait à haute voie le miserere pour leur bienfaitrice et ses défunts. Cette prière terminée la communauté s’asseyait de nouveau et les poissons étaient servis avec les autres mets
Plus tard à l’instar de Béatrice , cette noble Comtesse de Guînes , Daniel de Béthune donna également ces mêmes viviers en l’an 1224 moyennant une rente de deux sous et deux chapons comme on le pratiquait du temps de Mathilde de Hardaing( Houdain) dame de Chocques . Qu’ils étaient beaux alors ces gages de foi et de générosité car les seigneurs de ces contrées semblaient rivaliser de zèle et de largesse pour combler ainsi de leurs bienfaits les religieux de cette abbaye. (histoire de l’église cathédrale de St Omer par Mr Quennon ancien président du tribunal de cette ville)
Jean de Béthune évêque de Cambrai ratifie , l’an 1219 toutes les donations faites à l’abbaye in patris ainsi que les dîmes tant à Chocques qu’à Gonnehem le tout à perpétuité. Comme dés l’an 1220 Mahaut d’Houdain donnait à cette même abbaye son étang de La Pugnoy (Vivarium de Pugnoda) avec la pêche de ces viviers pour les chanoines de ces monastères ( Ad Refectionem Canonicorum Claustralium :Archives départementales titre en parchemin) . Mahaut avait obtenu cette pêche ainsi que la terre de Chocques à la suite d’un partage des biens d’Anselme son aïeul dont elle fit héritière Aelis sa fille alliée à Jean De La Cauchie père de Hugues de la Cauchie seigneur d’une partie de Chocques . (Aelis de Calcia Domina de Chockes) .Toutes ces donations furent approuvèes d’Adam , évêques de Thérouanne, par une charte octroyée à Mathilde d’Halding ( Houdain) dame de Chocques . la pêche principalement afin que les chanoines puissent en jouir paisiblement et à toujours( Histoire de l’abbaye Chocques ordre de St Augustin au diocèse de St Omer par Mr l’abbé Robert curé de Grigny).
Voyons maintenant quelle est la signification du nom d’Eck . Donné primitivement à notre paroisse , nom que porte encore aujourd’hui une partie du village et qui veut dire le mot de Lapugnoy qui lui fut donné ensuite. Le nom d’Eck (Oak en anglais signifie chêne on prononce Ock ) qui viens d’un vieux mot saxon Ecke qui veut dire chênaie , bois de chêne et certes ce nom était bien justifié à cause des nombreux chênes qui se trouvaient autrefois dans les bois avoisinant l’ancienne église . Aujourd’hui encore il y a beaucoup de chênes dans ces bois et le nom d’Eck donné à notre paroisse lui convient toujours. La plus ancienne mention , à notre connaissance de ce nom d’Eck en latin Ecsa se trouve dans une charte d’un évêque de Thérouanne Jean donnant à Gualbert abbé de l’église de Chocques en 1120 ( cette charte en latin se trouve en copie aux archives départementales) . Le nom de Lapugnoy donné ensuite à notre paroisse semble venir du mot latin Pugnea qui veux dire combat mais avant de prendre cette forme actuelle, le nom a subi diverses transformations. Nous avons vu plus haut le mot de Pugnoda ( Vivarium de Pugnoda) employé lors de la donation de l’étang de Lapugnoy aux mains de l’abbaye de Chocques en 1220. Dans les cartes de Gosnay on trouve El Pennoy, Aix en Pugnoy, Ecques Pugnoy . Dans les archives de la commune et celles de l’église on trouve souvent La Pugnoy écrit en deux mots . Mais pourquoi cette expression de Lapugnoy le combat ou lieu du combat donné à notre territoire . C’est très vraisemblablement parce qu’il s’est livré une assez grande bataille au XI ième siècle en 1027 sur notre paroisse. En 1027 l’Artois faisait partie du Comté des Flandres et Arras en était en quelque sorte la capitale. Baudouin IV le Bar? qui gouverna le pays pendant plus de 40 ans de 989 à 1036 était Comte . Les dernières années furent troublées par la révolte de son fils qui réussit à grouper autour de lui un bon nombre de seigneurs de Flandre et d’Artois. Ce fils qui fut plus tard Beaudouin V (Baudouin de Lisles) était né à Arras dans des conditions curieuses . Sa mère Ogine était depuis 20 ans l’épouse du Comte de Flandres et n’avait pas d’enfant. Devenue enceinte à l’age de 50 ans, elle tint à accoucher en présence des dames formant la cour du Comté. On dressa paraît’il un vaste pavillon sur la grande place d’Arras et c’est la que vint au monde notre Baudouin V. Ce fils si désiré ne fut pas la consolation de ses parents . enorgueilli par son alliance avec le roi de France Robert le Preux dont il avait épousé la fille , il osa en 1027 se révolter contre son père et le chassa de ses états. Mais ce dernier ayant trouvé appui auprès du duc de Normandie revint avec ce dernier disputer son Comté à son fils. La bataille se livra en avant de Chocques sur les rives de la Clarence . le Duc de Normandie fut vainqueur et après la bataille il alla assiéger le château de Chocques qu’il prit . il s’empara également de St Venant et d’autres lieux. Le fait d’avoir mis le siège devant le château de Chocques après la bataille semble indiquer que celle ci a du se livrer en avant de Chocques vers l’ouest par ou arrivaient les normands. C’est donc sur la territoire actuel de Lapugnoy qu’ eu lieu ce combat qui a changé le nom de notre pays. il est connu il est vrai sous le nom de bataille de Chocques mais cela n’empêche nullement qu’il est été livré sur la partie de notre territoire longeant la Clarence et allant jusque près de la ferme de la Volte
Appartenant aux seigneurs de Chocques. ( notes communiquées par Mr Emile Legrand). On pouvait donc dire bataille de Chocques puisqu’elle eu lieu sur un territoire faisant partie alors du territoire de Chocques mais on peut très bien aussi appelé Lapugnoy c’est à dire le combat du lieu devenu le notre ou s’est livré cette bataille
Forme
Le village de Lapugnoy a la forme d’un hexagone irrégulier . vu à vol d’oiseau notre village aurait assez l’aspect d’un carré un peu allongé aux contours un peu irréguliers bien entendu dont les pointes seraient très approximativement au nord , à l’est , au sud et à l’ouest . de l’ouest à l’est au plus extrêmes , du sud ouest à l’est court la rivière et s’étend notre village. Malgré l’impression première c’est du nord au sud , de La Vasserie à la chapelle Sergent que notre village a la plus grande longueur .
Situation
Il est borné au nord et au nord ouest par le village d’Allouagne , à l’est par Chocques, au sud est par Labeuvrière et Labuissière, au sud par Bruay, au sud ouest par Marles, à l’ouest par Lozinghem.
Latitude, Longitude,Altitude :
Il est situé entre 2° 30 de longitude et de 50° 30 latitude et 37,07 mètres à la gare
Etendue :
828 hectares 81 ares et 95 centiares. Lapugnoy est à environ 213 kms au nord ouest de Paris , à 38 kms au nord ouest d’Arras, à 9 kms au sud ouest de Béthune, à 23 kms de Saint Pol, à environ 50 kms de Lille, à environ 38 kms de St Omer.
Les anciens du pays vantent son aspect d’autrefois et ne reconnaissent plus dans le Lapugnoy d’aujourd’hui celui de leurs jeunes années. Peur de villages en effet ont subis autant de transformations que le notre. Autrefois il y avait de magnifiques allées plantées d’arbres le long des sentiers de l’ancienne église et sur les bords de la Clarence. Aujourd’hui ces arbres sont tombées sous la cognée des bûcherons. Autrefois la rivière coulait des eaux limpides et poissonneuses , aujourd’hui depuis surtout que la municipalité a permis à la compagnie de Marles mines d’y déverser ses eaux industrielles, celles de la Clarence sont devenues aussi noires que celles du Biet-ecrin ? le poisson en a disparu, le nom qu’elle porte est devenu un mensonge et si Jules César revenait en nos pays , il ne pourrait certes plus pousser son exclamation « o Clara Aqua » oh la belle eau claire qui selon la légende aurait donné à notre rivière son beau nom de Clarence : Clara Aqua. Eau claire.
Autrefois le silence de la vallée n’était guère rompu que par le chant des oiseaux ou des patres , ou des laboureurs excitant leurs bêtes , ou le bruit du marteau du forgeron tombant en cadence sur l’enclume. Aujourd’hui on n’entend plus guère que les sifflets aigus des innombrables locomotives de la compagnie du nord et de Marles , que le bruit strident de leurs lourds wagons. Autrefois on respirait un air limpide et pour aujourd’hui ce sont d’incessantes fumées qui s’élèvent dan les airs , en troublent l’harmonie et la pureté. Mais tous ces désavantages réels sont rachetés par la facilité des communications et des transactions pour le bien être matériel que le développement du commerce et de l’industrie ont apporté dans notre vallée. Du reste malgré ces transformations diverses notre village a conservé beaucoup de sa beauté primitive et quand nous voulons le faire admirer aux étrangers qui nous font l’honneur d’une visite , nous les conduisons au sommet de la motte Baudouin . la nous leurs montrons pas comme Satan au Christ les royaumes de la terre mais de multiples contrées environnantes . De la en effet le spectacle est magnifique au loin du coté est on aperçoit la tour majestueuse de l’église St Vaast de Beuvry , du coté est encore mais beaucoup plus rapprochée on aperçoit la ville de Béthune sa tour massive semblable à un pylône égyptien du gracieux beffroi symbole de ses libertés au moyen age , la flèche élégante de l’église Notre Dame du Perroy, plus près encore le village de Labeuvrière suspendu au flanc d’un coteau , la vieille tour du XUU ième siècle du prieuré se Ste Christine qui sert aujourd’hui d’église paroissiale , la petite chapelle de Ste Christine. Au sud ouest on aperçoit les hautes cheminées des mines de La Clarence ou se produisit en septembre 1912 la catastrophe fameuse ,qui coûta la vie à tant d’ouvriers mineurs de notre région et plus loin à perte de vue de grands bois qui bornent l’horizon. Plus près de Lapugnoy toujours au sud ouest , c’est le village de Marles dont on voit la flèche de l’église émerger d’un bouquet d’arbres . A l’ouest c’est la ville d’Auchel dont on voit les peu élégants crassiers ou terrils semblables à deux monstres . au nord et au nord est le vue est bornée par les bois Grand Blond, les bois des Dames, le bois Toutlemont, le bois sous l’ancienne église, le bois Roquelaure. Au sud est et au sud ouest s ‘étendent tous rapprochés le grand bois de Labuissière , le bois Brassart , le bois Mahieu, le bois communal situé sur les hauteurs de la rive droite de la Clarence et au dessus desquels on aperçoit les noirs tourbillons des nombreuses et hautes cheminées de l’industrielle et populeuse cité de Bruay. En abaissant ses regards au fond du vallon , ce qui frappe tout d’abord c’est l’église de Lapugnoy gracieusement assise au pied de la motte et entourée a droite de l’école libre des filles et à gauche de l’école communale des garçons toutes deux bâties par le même architecte , d’après le même plan pour un même but qui aujourd’hui hélas ! est devenu différent. Un peu à droite on aperçoit l’usine de la société cotonnière de Lapugnoy. Du haut de la motte Baudouin sa cheminée parait plus élevée que celle de la flèche de l’église . C’est un symbole faisons nous remarquer avec amertume , à ceux qui nous accompagnent . C’est un symbole que au cœur de nos paroissiens les intérêts matériels priment de beaucoup les intérêts spirituels , les soins du corps l’emportent de beaucoup sur les soins de l’ âme. En face de l’église se trouve la rue principale large comme un boulevard de ville le long de laquelle sont alignées les maisons du village dont on aperçoit les toitures rouges , de l’est à l’ouest sur une étendue d’environ quatre kilomètres. A quelques mètres de la coule la Clarence puis quelques mètre plus loin encore se trouve la double ligne de chemin de fer de la compagnie de Marles et de la compagnie du Nord sur lesquelles courent incessamment tantôt de légers wagons de voyageurs tantôt de lourds chargés de houille et de marchandises diverses . Partout on aperçoit des jardins , des prairies , des champs qui voisinent avec les bois. Vraiment le village apparaît plein de charme et semble sortir du milieu d’une foret enveloppé qu’il est d’un massif de verdure. Oui quoi qu’en disent les anciens , Mr Legrand notamment le village de Lapugnoy reste quand même un beau village .Puisse t’il rester ou plutôt redevenir ce qu’il était autrefois une bonne et chrétienne paroisse !
Chapitre II
Subdivision du territoire de Lapugnoy, Les lieux dits, les hameaux , moyens de communication, composition géologique du sol
La superficie de Lapugnoy qui est nous l’avons dit de 828 hectares 51 ares 95 centiares se décompose comme il suit
431 hectares , 06 ares , 50 centiares de terres arables
20 hectares , 25 ares , 75 centiares en pâtures et vergers
332 hectares , 76 ares 45 centiares en bois
2 hectares , 30 centiares en près
10 hectares , 36 ares , 80 centiares en jardins
27 hectares , 10 ares , 65 centiares en friches
4 hectares , 95 ares , 50 centiares en superficie f
Toute contrée sur le territoire des communes a un nom particulier , permettant de la spécifier , de sorte que la situation de chaque propriété ne peut donner lieu à aucun équivoque. Ce sont les lieux dits dont nous allons nous occuper maintenant ce que cette étude présente de plus intéressant c’est l’étymologie de ces noms assez bizarres , mais empruntés presque tous aux circonstances du lieu en sorte qu’ils ont une couleur locale des plus prononcée. Il en est aussi qui viennent des propriétaires . Le plus souvent ils sont dus à la prononciation en patois d’un mot français.
Les principaux lieux dits de la commune de Lapugnoy sont :
La Motte Baudoin ( le nom actuel de la motte est bien motte Bodron . Nous ne pouvons qu’expliquer l’origine de ce nom sans pouvoir le changer maintenant)
Le paradis
Les dixhuit
Les quatorze
Les douze
Les huit
La grande pâture
La petite pâture
Le champ des dames
Le bois des dames
Le bois grand blond
Le fond du Failly
La cote du fond au Failly
Le bois Roquelaure
La verte place
Les tailettes
Le capitaine
Les coquelettes
Le long jardin
Le chemin vert
Les prés du long jardin
Les champs de St Vaast
Les marais champs
Les champs aux cailloux
Le vivier
Les blancs champs
La sole du milieu
Les biefs ,
Le trou à dial
Le bois Brassart
Le bois communal
Le bois Mahieu
La chapelle Sergent
La Maie ou Lametz
Les vignobles
Le chaufour
Vis à Marles
La houblonnière
Les terres à canon(on appelait canon une redevance ou prestation payée à des époques régulières et généralement annuelles )
La sole du moulin Dumetz
Bois du mont Gorguet
La sole Mondré
La fontaine du bois Nous
Les Bignes
Le pisquin
Les fiefs
Le plantin
Sous les bois Fourin
La motte Baudoin ou Baudron
Il convient ici de mentionner les ouvrages de défense militaire des anciens peuples de la Gaule. Les collines factices ne furent pas toutes destinées aux sépultures. On en voit aplaties au sommet et entourées d’un fossé ou d’un mur et souvent les deux à la fois peuvent être considérées comme des forts destinés à protéger un point important. Outre ces mottes de terrain on rencontre aussi des enceintes défensives. Cellas ci ont existé bien avant l’époque préhistorique et sont probablement plus nombreuses que l’on ne le suppose.
(Mr l’abbé Allibert Mariel histoire locale page 36)
La motte Baudoin ou Baudron est un monticule de forme arrondie au sommet et d’une altitude de … mètre au-dessus du niveau de la mer. Ce monticule est fait en parties de main d’hommes, fait prouvé par la diversité des terres qui le composent. Quelques savants ont cru y voir des traces de fossés qui leurs ont fait croire à l’existence d’une ancienne construction en cet endroit. Une tranchée ouverte dans ce mamelon n’y a rien fait découvrir et les travaux ont été abandonnés.
Au XVIII ieme siècle des pièces mentionnant cette partie de territoire l’appelle « Motte Bauduin ». C’est par corruption qu’un copiste écrit Baudron. Le i de Bauduin n’ayant sans doute pas de point sera devenu un o .
De Bauduin on a fait Baudrin , puis de Baudrin on a fait Baudron.
Les romains pendant leur séjour dans la Morinie firent bâtir des tours pour protéger les passages et maintenir les populations. Ces tours ou postes d’observation étaient placés de distance en distance protégeant les passages des rivières commandant la campagne. Ces postes n’étaient autre chose que ses tours élevées sur des promontoires, des monticules naturels ou factices. Ce système de défense fut longtemps observé pendant le moyen age (Malbrancq de Morinie livre 1) . Traducyes de bauvages ? Tibl de la chartreuse de Montreuil p 115 ).
Cette description convient parfaitement à la position de Lapugnoy qui est un merveilleux poste d’observation et qui est voisine de Lapugnoy
Antérieurement encore une autre lecture mal faite aura sans doute aussi amené la fausse appellation de Motte Baudrin car il semble hors de doute que c’est motte Bauduin que l’on devrait dire. Il est fort facile de lire un r au lieu d’un u pour peu que l’on ne fasse pas attention ou que l’écriture soit négligée. Ceci admis l’appellation Motte Bauduin se justifie fort bien car plusieurs seigneurs à qui appartenait cette terre se nommaient Bauduin ( notes de Mr Emile Legrand) .
Comme autre déformation de mot produite par une lecture mal faite ou par la prononciation en patois d’un nom français on peut citer le mot Revillon qui est le nom d’un lieu dit voisin de La Vasserie sur le territoire de Chocques. A quoi peut donc se rapporter ce mot bizarre de Revillon ou Reveillon ? ne se peut ’il pas , n’est ‘il pas tout à fait vraisemblable que ce mot a été mal lu, mal écrit ou mal prononcé depuis assez longtemps déjà et que c’était Ruillon l’appellation primitive , appellation qui se justifie pleinement par le voisinage du cours d’eau le grand Nocq qui coule en cet endroit puisque Ruillon tour comme rieux ,ruitz , riez vient du latin rivus qui signifie rivages (notes de Mr Emile Legrand) .
Le Cayet
Le Cayet est un mot patois donné par la population à la place publique. L’étymologie probable de ce nom est le mot caya qui en basse latinité veut dire demeure. Le mot pluriel cayae demeures s’applique parfaitement à un groupe de maisons, à une place publique. Le centre du village, la place publique porterait donc à juste titre le nom de Cayet
Le Paradis
Le nom de paradis a été sans aucun doute fourni à cette partie du territoire qui se trouve à l’Ouest sous la Motte Bauduin et au chemin qui y conduit à cause de sa montée difficile comme celle du vrai Paradis « quam ungusta posta et aseta via est qum ducit ad vitam et permis sant inverment eam » . « Quelle est étroite et resserrée la voie qui mène au paradis et qu’ils sont peu nombreux ceux qui la suivent » dit l’évangile de St Mathieu chapitre VII ,V13 et 14 . Ce qui nous confirme que le nom de Paradis a été donné à cette partie de notre territoire à cause de son accès difficile semblable a celui du ciel c’est qu’il y a tout prés de la un autre lieu « le chemin de la Croix ». Ces appellations diverses nous montrent l’esprit profondément chrétien des anciens habitants de la paroisse qui se servaient de tout pour élever leurs pensées, leurs aspirations vers la vie future, vers le ciel qui est le véritable but de la vie présente. Quand donc nous apercevons ou nous gravissons la pente difficile du paradis de Lapugnoy pensons-nous aussi aux efforts que nous ne devons cesser de faire, aux peines que nous ne devons cesser de nous donner pour gagner le vrai paradis dans lequel il n’y aura plus ni faim ni soif, ni maladies, ni tentations mais ou la joie et le repos seront infinis comme Dieu même.
Les dix huit, les quatorze, les douze
Ces appellations diverses signifiaient sans aucun doute la superficie du territoire en ces endroits différents : dix huit, quatorze, douze mesures la tête des douze indique sans aucun doute la partie de territoire qui est placée en tête des douze mesures
La grande pâture, la petite pâture
’étymologie de ces noms est assez claire par elle-même
Le champ des dames, le bois des dames
Ces appellations indiquent que ce champ, que ce bois appartenait autrefois aux Dames chartreuses de Gosnay dont le monastère existe encore à Gosnay et sert d’habitations à des familles d’ouvriers mineurs. Les dames Brigittines de Béthune possédaient aussi à la fin du XVIII ième siècle des biens fonds de Lapugnoy.
Les sables
Cette partie du territoire est ainsi nommée à cause du sable qui s’y trouve et que l’on extrait.
Bois de la Haloterie
A ) Ce bois est ainsi dénommé très vraisemblablement parce qu’il y a ou il y avait autrefois beaucoup de halliers ou réunions de buissons touffus en patois halo d’où bois de la haloterie
B ) La dénomination du bois de la haloterie a été donnée à ce bois à cause des nombreux terriers de lapins qui s’y trouvent. Ces terriers portent le nom d’halots en bien des endroits d’où bois de la haloterie.
Le bois grand blond
Ce bois est ainsi nommé bois vraisemblablement du nom de son propriétaire qui était de grande stature.
Le fond du failly, la cote du fond du failly
Failly vient du nom fagus : hetre
Le bois roquelaure
La dénomination de ce bois provient de ce que ce bois a appartenu au Marquis de Roquelaure dont les seigneurs d’Houchin Annezin ont hérité
La verte place
Les tailettes
Cette dénomination provirent très vraisemblablement des taillis ou petits bois qu l’on coupe à intervalles réguliers et qui croissaient à cet endroit.
Le capitaine
Les coquelettes
Le long jardin, Le chemin vert, Les prés du long jardin
L’origine et la signification de ces noms sont assez claires par elles mêmes
Les champs de St Vaast
Parce qu’ils appartenaient à l’église St Vaast de Lapugnoy ou simplement parce qu’ils sont voisins de l’ancienne église dédiée à St Vaast
Les marais champs, Les champs aux cailloux
La dénomination de ces champs indique que les uns sont marécageux et les autres remplis de cailloux.
Le vivier
Cette partie du territoire est située presque au centre du village entre l’usine « la cotonnière » et la ferme de « la volte» qui était occupée autrefois par la famille TOURSEL et qui est aujourd’hui occupée par la famille POTTIEZ GUISE . Le vivier ou plutôt les viviers de Lapugnoy car les documents anciens nous parlent des viviers de Lapugnoy existaient au XI ième siècle. Le martyrologe de l’abbaye de Chocques relate que Mathilde de Béthune, dame de ce bourg et mère de Béatrice, comtesse de Guînes donna au religieux de ce monastère les viviers de Lapugnoy. En échange l’abbaye devait lui chanter un obit solennel chaque année le 4 des ides de décembre, sur l’autel de la Ste Vierge près de son tombeau. Ce jour à midi, le repas commencé, on apportait aux religieux quantités de poissons frais pris à Lapugnoy. Avant d'être placés sur la table du réfectoire ainsi que du beurre et des œufs, tous se levaient et l’abbé récitait à haute voie le « miserere mee deus » pour leurs bienfaiteurs et ses défunts. Cette prière terminée la communauté s’asseyait de nouveau et les poissons étaient servis avec les autres mets. Plus tard à l’instar de Béatrice, cette noble Comtesse de Guînes, Daniel de Béthune donna également ces mêmes viviers en l’an 1224 moyennant une rente de deux sous et deux chapons comme on le pratiquait du temps de Mathilde de Hardaing( Houdain) dame de Chocques. Qu’ils étaient beaux alors ces gages de foi et de générosité car les seigneurs de ces contrées semblaient rivaliser de zèle et de largesse pour combler ainsi de leurs bienfaits les religieux de cette abbaye ? (histoire de l’église cathédrale de St Omer par Mr Quennon ancien président du tribunal de cette ville)
Jean de Béthune évêque de Cambrai ratifie, l’an 1219 toutes les donations faites à l’abbaye in patris ainsi que les dîmes tant à Chocques qu’à Gonnehem le tout à perpétuité. Comme dés l’an 1220 Mahaut d’Houdain donnait à cette même abbaye son étang de La Pugnoy (Vivarium de Pugnoda) avec la pêche de ces viviers pour les chanoines de ces monastères ( Ad Refectionem Canonicorum Claustrabium :Archives départementales titre en parchemin) . Mahaut avait obtenu cette pêche ainsi que la terre de Chocques à la suite d’un partage des biens d’Anselme son aïeul dont elle fIt héritière Aelis sa fille alliée à Jean De La Cauchie père de Hugues de la Cauchie Seigneur d’une partie de Chocques . (Aelis de Calcia Domina de Chockes) . Toutes ces donations furent approuvées d’Adam, évêques de Therouanne, par une charte octroyée à Mathilde d’Halding ( Houdain) dame de Chocques . La pêche principalement afin que les chanoines puissent en jouir paisiblement et à toujours( Histoire de l’abbaye Chocques ordre de St Augustin au diocèse de St Omer par Mr l’abbé Robert curé de Grigny). Divers auteurs ont aussi confondu Mahaud d’ Houdain avec Mahaud de Béthune mère de Béatrix de Bourbourg, comtesse de Guines. Cette erreur proviendrait de ce qu’ils ont lu que Baudoin de Béthune et l’évêque de Cambrai son frère portèrent l’un et l’autre le titre de seigneur de Chocques .
Ils oublièrent que la portion possédée par les 2 frères dans cette seigneurie était entrée dans la maison de Béthune par l’alliance de Clémence d’Oisy, fille de Hugues châtelain de Cambrai avec Guillaume Ier du nom seigneur de Béthune.
L’administration de Guillaume, abbé de Chocques fut donc véritablement heureuse, grâce à ces diverses donations que Bauduin châtelain de Lens augmenta encor par l’abandon de la dîme de ses pretz de Chockes et de Gonnehem qu’il fit à l’abbaye en 1222 alors que le pape Honorius !!! de son coté lui confirmait l’église d’Estaires avec l’important vivier de Lapugnoy ( bulle scellée de plomb)
Nous n’avons aucun document, aucun souvenir, aucune tradition qui nous permettent d’indiquer à quelle époque ces viviers furent comblés et dans quelles circonstances.
Les blancs champs
Ainsi nommés à cause de la nature du sol
La sole du milieu
On appelle sole une étendue de terre labourable destinée à une certaine culture pendant telle ou telle année d’assolement
Les biefs
Biefs ou piaffe terrain crayeux presque totalement dépourvu de terre végétale
Le trou à dial
Le trou à dial est pour moi le trou à diable et évoque probablement bien des légendes comme la carrière des fées et le chemin d’orgival
Le bois Brassart
?
Le bois communal
Le bois de Lapugnoy dit Mr Auguste Parenty dans une étude sur les biens communaux du Pas de Calais publié dans l’annuaire du Pas de Calais de 1864 a une contenance de 46 hectares et 11 ares. Sa valeur en capital est de 44300 frs, et sa valeur en revenu est d’environ 1000 frs en 1908 mr a…. VIEZ, maire de Lapugnoy, ayant trouvé dans la personne de Mr ELBY directeur des mines de Bruay acquéreur à raison de 3000frs l’hectare soit 188000frs proposa cette vente à son conseil municipal qui la refusa. Certains conseillers municipaux cherchèrent à rendre M. VIEZ impopulaire à cause de cette proposition.
Le terrain sur lequel est planté le bois de Lapugnoy faisait autrefois partie de la seigneurie du Mez ou Metz dont il est resté trace pat le moulin du Metz encore usité. Cette seigneurie comprenait en autres biens fonds, une pièce de terre de douze mesures située à la carrière des fées et dénommée « les communes" . Le terrain était à riez quand la famille de Genevieres en fit l’acquisition et depuis un temps immémorial les habitants de Lapugnoy y conduisaient paître leurs bestiaux. Ils avaient même l’habitude d’extraire de ce terrain une sorte de tourbe pour se chauffer et de la glaise pour fabriquer des tuiles. Les droits d’usage semblent bien établis par les différentes pièces de procès et notamment par les témoignages des vieillards qui comparurent devant la commission d’arbitrage. Ce sont les droits d’usage et aussi l’appellation de communes donnée à la carrière des fées qui portèrent les habitants de Lapugnoy, en mars 1781 à réclamer la propriété de ce terrain. Pour se rendre plus ou moins compte du fondement des réclamations des habitants de Lapugnoy, il est bon de remonter à l’acte d’acquisition de cette seigneurie du Metz par al famille de Genevieres. L’achat eu lieu en 1739. La vente était faite avec toutes les formalités judiciaires par suite d’une sorte de faillite du précédent propriétaire et l’acquéreur fut Charles François De Genevieres De La Vasserie, époux de notre dame Marie Anne Joseph De Bus . Ce fut le beau-fils des ces hauts personnages Philippe Lamoral de Genevieres, marquis de Vilfort né à Divion le 4 janvier 1731 et marié à sa cousine Marie Thérèse Charlotte de Genevieres le 25 mars 1759 qui eu comme héritier de son beau-frère à disputer à la commune de Lapugnoy la propriété du territoire appelé « les communes » . Ces fameuses communes étaient à riez c’est à dire à l’état de vaine pâture lors de l’acquisition qu’en fit le seigneur de la Vasserie. L’acquéreur fit planter ce terrain en bois petit à petit ( la plantation se fit sur une vingtaine d’années ) de sorte que les habitants virent diminuer d’année en année et finalement disparaître les privilèges dont il jouissait précédemment sur ces terrains. Protestèrent ‘ils ? Les archives de la mairie ne l’indiquent pas mais ce qu’elles indiquent c’est que quant à la révolution, une loi vint à reconnaître aux communes le droit de revendiquer contre leurs seigneurs les terres que ceux ci avent usurpé indûment, les habitants de Lapugnoy voulurent rentrer en possession du terrain dénommé « communes » qui leurs appartenaient disaient ‘ils. De la un long procès que les circonstances rendirent favorable à la commune de Lapugnoy . Ce fut la commune de Lapugnoy qui commença les hostilités. en mars 1791
, Elle fit défendre au marquis de Vilfort de toucher aux fagots qui se trouvaient sur le terrain dit « la commune » et au bois qui y croissait. Le marquis n’admettant pas cette défense, l’affaire fut portée devant le juge de paix d’Houdain le 29 du même mois ( Lapugnoy appartenait alors au canton d’Houdain) . Mr de Vilfort refuse toute discussion et déclare que sa possession immémoriale suffit à prouver les droits. « Changer ne veulx » était la devise des Genevieres. Il la mis en pratique.le 19 mai 1791 il fit enlever les fagots en question…. Le garde de la commune fait un procès au voiturier.
Le tribunal de Béthune, saisi de l’affaire ordonne le 26 mai que le séquestre sera mis sur les fagots qui se trouvent sur le terrain en litige et il déclare que la question de la propriété sera tranchée ultérieurement.
Mr de Vilfort refuse d’admettre ce séquestre. Le 9 juin le conseil municipal lui adresse un blâme et lui offre d²’aller en conciliation devant le juge de paix de Béthune. La tentative de conciliation eut lieu le lendemain le 10 juin, mais elle fut infructueuse. Mr Lagache receveur des rentes, plu tard guillotiné le représentait. L’affaire en resta la pendant 18 mois. Ces dix huit mois ne furent pas un temps de calme et de paix pour le Marquis car les révolutionnaires devenaient de plus en plus brutaux et sanguinaires. En décembre 1792, ils assiégent le château de la Vasserie à main armée. Mr de Vilfort soutint vaillamment le siège. Il réussit même à expédier toute une charge de papiers qui furent saisis plus tard chez son receveur Mr Lagache à Béthune ou les scellés furent apposés. Malgré sa courageuse résistance le marquis finit par succomber et fut arrêté. Mr Pichois juge de paix au tribunal devant lequel il fut déféré l’acquitta et le fit mettre en liberté. Le jury devant lequel on évoqua l’affaire confirma la sentence du juge de paix d’Houdain.
Le 10 janvier 1793, le litige au sujet du bois de Lapugnoy revient devant le tribunal de Béthune qui donne pleinement droit au Marquis contre les habitants de Lapugnoy. Le 27 janvier le conseil municipal décide d’en appeler à Douai. A Douai le 23 avril le marquis fait défaut soit qu’il ait été arrêté de nouveau, soit plus probablement qu’il ait été retenu ailleurs par des préoccupations plus graves. Quoi qu’il en soit le jugement de Béthune fut cassé et le marquis condamné par défaut. L’avoué de Mr de Vilfort interjeta appel contre ce jugement.l’affaire ayant été évoqué à nouveau, le tribunal, vu une législature toute nouvelle en cette matière se dessaisie entre les mains d’arbitres qui devaient trancher ces sortes de litiges.
Une première réunion d’arbitre eu lieu à Béthune le 8 nivôse an 2 (28 10 1793) ou l’on mis les parties en demeure de fournir leurs preuves.
Une deuxième réunion d’arbitres eu lieu les 2 et 3 floréal an 2 (21 et 22 avril 1794) ou l’on donna gain de cause sur tous les points à la commune en lui accordant non seulement le lieu dit « la commune » mais le bois tout entier. Cela s’explique facilement car Mr le marquis n’était plus la pour faire valoir ses droits. Le 2 floréal an 2 ( 21 avril 1794) il fut guillotiné à Arras dans des circonstances que nous racontons plus loin avec son receveur Mr Lagache. L’épouse du marquis arrêtée elle aussi fut guillotiné 10 jours après son mari le 12 floréal an 2 (1er mai 1794) . Dans ces conditions et étant donné l’état d’esprit général il fut facile à la commune de Lapugnoy de faire admettre ses prétentions. Il y eut pourtant une réclamation faite au sujet de ces bois en l’an XII (1803 1804) . Elle venait de Dordogne de ou des dames Gaudin qui réclamaient par l’intermédiaire de leur avoué la propriété de quantité de bois sis à Lapugnoy et ayant appartenu à la famille de Vilfort dont elles étaient héritières. La commune ayant produit la copie de la sentence arbitrale rendue en sa faveur, la réclamation n’eut pas de suite. ( note communiquée par Mr Emile Legrand)
Le bois Mahieu
?
La Maie ou Lametz
Le mot mez au moyen age désignait une demeure ou un manoir avec enclos cultivé. C’est l’analogue du mas des méridionaux dont parle Alphonse Daudet dans « les lettres de mon moulin » cela dérive du bas latin mansus mansum, qui veut dire demeure, manoir, metz. Le lieu dit le moulin du Metz a la même signification et veut dire moulin du manoir. Sur le plan cadastral c’est orthographié « la maie » mais d’une façon générale, les plans cadastraux sont incomplets et tronquent souvent les mots. « la maie à cause de sa forme de pétrin »
Les vignobles
Ce lieu dit est ainsi appelé car aux dires de certains chroniqueurs, la vigne était cultivée au moyen age sur les coteaux ainsi dénommés. A chocques il y a aussi un lieu dit « derrière la vigne » qui perpétue le souvenir de al culure de la vigne dans nos pays. Cette culture au dire de certains historiens aurait duré jusqu’au XVième siècle
Le chaufour
Ainsi dénommé parce qu’il y eut longtemps à cet endroit un four à chaux
Vis à Marles
Le lieu dit Vis à Marles est un hameau important de Lapugnoy qui comprend aujourd’hui environ soixante dix feux et qui se développe de plus en plus. Il est ainsi nommé croyons-nous à cause de sa proximité de Marles, de son adhérence au village de Marles auquel il est pour ainsi dire vissé. Vis à Marles, Vissé à Marles aujourd’hui on pourrait tout aussi bien dire Vissé à Lapugnoy car il n’y a plus aucune discontinuité de maisons entre Vis à Marles et Lapugnoy
Viens ? On disait au moyen age Wetz à Marles . L’étymologie proposée par Mr Coudronne est donc toute fantaisiste.
La houblonnière
Ainsi nommé parce qu’autrefois on y cultivait le houblon
Les terres à canon
La sole du moulin Dumetz La sole Mondré
Bois du mont Gorguet
La fontaine du bois Nous
On appelle noue une terre grasse et humide qui fournit des herbes en abondance pour la pâture des bestiaux.
Les Bignes
Le pisquin
Les fiefs
Cette dénomination vient sans doute de ce que ce lieu dit était autrefois un fief ou des fiefs c’est à dire un domaine en terre noble qu ‘ un vassal ou des vassaux tenaient d’un seigneur, sous condition de lui prêter foi et hommage et de lui fournir certaines redevances.
Le plantin
Ainsi nommé sans doute à cause du plantain qui y poussait en grande quantité
Sous les bois Fourin
Les haies de Lozinghem
Ce lieu dit est un hameau de Lapugnoy composé d’un groupe de sept maisons situé à l’entrée du village de Lozinghem aux haies de Lozinghem d’où sa dénomination haies de Lozinghem.
Les principaux chemins de communication sont à Lapugnoy le chemin n 70 de Chocques à Anvin
Chapitre III
La Seigneurie et les Seigneurs Les Châteaux
Toute l’organisation sociale avant la révolution avait pour base le système féodal. Les francs entrant en Gaule comme une armée avec son général en chef, ses généraux divisionnaires et autres officiers inférieurs s’y fixent et se partagent les terres avec subordination des inférieurs aux supérieurs, des moindres propriétaires aux plus puissants, des vassaux aux suzerains. De cette façon toute terre, tout pays était possédé par un seigneur. C’était le système féodal. Tout d’abord ces concessions avaient été purement personnelles sous la dépendance absolue du chef supérieur mais les bénéficiaires réussirent à les changer en propriétés héréditaires ou fiefs dont ils prirent les noms.
Il était rare qu’un village appartienne tout entier au même Seigneur.Il y avait ordinairement une seigneurie plus importante que les autres, puis des seigneuries secondaires. Les plus anciens seigneurs connus à Lapugnoy sont 1 : Bauduin de Béthune, comte d’Addemalle et seigneur de Chocques
2 : Mathilde de Béthune dame de ce bourg et mère de Béatrix comtesse de Guînes
3 : Daniel de Béthune
4 : Mahaux d’Houdain
5 : les moines de l’abbaye de Chocques
6 : Jeanne Claude de Boiaval dame du Mont Sorel y demeurant
1 : Bauduin de Béthune
Compagnon de Richard Cœur de Lyon pendant la troisième croisade possédait à Lapugnoy un moulin dont il fit don en 1199 aux moines de l’abbaye de Chocques. En 1202, par acte signé de l’abbé Guillaume et de plusieurs autres seigneurs de la contrée sur le point de partir pour la croisade, il assure à cet abbé Guillaume et à ses religieux les biens dont les avaient gratifiés ses prédécesseurs dans toute l’étendue de ses terres tant à Chocques St Sauveur, Lapugnoy, St Pierre Mesnil et Eckes. Une charte scellée de son sceau atteste cette reconnaissance.
2 : Mathilde de Béthune
Possédait les viviers de Lapugnoy ainsi qu ‘en atteste le martyrologe de l’abbaye de Chocques.
3 : Daniel de Béthune
Possédait des viviers de Lapugnoy qu’il donna également en 1224 aux religieux de l’abbaye de Chocques moyennant une rente de 2 sous et 2 chapons.
4 : Mahaux d’Houdain
Possédait un étang à Lapugnoy (vivarium de pugnoda) qu’elle donna avec la pèche des viviers aux chanoines de l’abbaye de Chocques ( Ad Refectionem Canonicorum Claustralium :Archives départementales titre en parchemin) . Mahaut avait obtenu cette pêche ainsi que la terre de Chocques à la suite d’un partage des biens d’Anselme son aïeul dont elle fit héritière Aelis sa fille alliée à Jean De La Cauchie père de Hugues de la Cauchie seigneur d’une partie de Chocques. (Aelis de Calcia Domina de Chockes).Toutes ces donations furent approuvées d’Adam , évêques de Therouanne, par une charte octroyée à Mathilde d’Halding ( Houdain) dame de Chocques. La pêche principalement afin que les chanoines puissent en jouir paisiblement et à toujours( Histoire de l’abbaye Chocques ordre de St Augustin au diocèse de St Omer par Mr l’abbé Robert curé de Grigny).
Divers auteurs ont aussi confondu Mahaud d’ Houdain avec Mahaud de Béthune mère de Béatrix de Bourbourg, comtesse de Guînes. Cette erreur proviendrait de ce qu’ils ont lu que Baudoin de Béthune et l’évêque de Cambrai son frère portèrent l’un et l’autre le titre de seigneur de Chocques.
Ils oublièrent que la portion possédée par les 2 frères dans cette seigneurie était entrée dans la maison de Béthune par l’alliance de Clémence d’Oisy, fille de Hugues châtelain de Cambrai avec Guillaume Ier du nom seigneur de Béthune.
Au XVIIIième siècle la Seigneurie de Lapugnoy se partageait entre l’abbaye de Chocques et le marquis de Lougastre qui avait acheté cette partie de la terre de Lapugnoy au Comte de Bossu en 1703.
Nous avons trouvé dans les archives de la mairie de Lapugnoy un état des biens et des propriétaires à Lapugnoy en 1760. cet état ne comprend que des biens appartenant aux religieux ou à l’église de Lapugnoy. Il a été établi à la révolution pour dresser un inventaire des biens nationalisés. nous en donnons une copie en respectant l’orthographe de ce document
Déclaration des biens nationaux avec les noms des cy devant propriétaires et occupeurs et l’estimation conformément au rôle du vingtième fait et arrêté en l’année 1760
Mr le curé de Lapugnoy pour la maison pré…… et la portion congrue à
sept quartiers de terre le tout estimé à trois cent vingt livres cy 320.-
Mr l’abbée de Chocques cy. Devant propriétaire d’une ferme et dépendance
avec cent cinquante mesures et bois et vu droit d’un affermée à Jacques VIEZ
mille quarante quatre livres et neuf sols cy 1044.9
Les dit pr abée AUSSY possesseur d’un moulin à faire farine affermée à
Pierre Marie RAOUT estimé à deux cent unes livres quinze sols cy 201.15
Les dit pr abée AUSSY possesseur d’un droit de sencier et droit Seigneuriaux
non rapporté au vingtième du dit rôle de Lapugnoy mais estimé au centième
avec les senciers et droits Seigneuriaux de plusieurs autres villages. c’est
pourquoi nous ne connaissons plus le prix « « «
Mr le prévôt de GORRE cy devant propriétaire d’une seigneurie vicomtière
.. estimée soixante sept livres quatorze sols cy 67.14
Le dit sieur prévôt possède un droit dixime affermé à Auguste WIGNERON
estimé à cinquante livres cy 50..
Monsieur le prévôt de la Beuvrière cy devant propriétaire pour le tiers de
La dixime ci dessus affermée au dit WIGNERON estimé à vingt cinq livres cy 25
Le dit sieur prévôt cy devant propriétaire de cinq mesures de terre affermée
à Monsieur le curé Lapugnoy quatre vingt livres cy 80
Les dames religieuses d’Houdain cy devant propriétaires de quatre mesures
de terre occupée par la veuve de Joseph DUPORT estimé
à trente sept livres dix huit sols cy 37.18
Les dames religieuses pénitentes capucines de St Omer cy devant propriétaires
d’un moulin à faire farine et quatre mesures de terre à print donné
par consentement à Degonde PRINGRENON et consort estimé
cent quatre vingt dix sept livres dix sols cy 197.10
Les dames chartreuses de Gosnay cy devant propriétaires de cent cinquante
deux mesures de bois estimé neuf cent soixante neuf livres 969…
Les dts dames sont propriétaire de douze mesures et demi de terre
affermé au Sr DALENCOURT et consort estimé soixante douze livres cy 72..
Les dts dames sont propriétaire d’une mesure de terre occupé par Antoine
Joseph LEGRAND estimé à dix livres cy 10..
Les dts dames sont propriétaire de deux mesures de terre et bois
Non rapporté au vingtième dans nos rôles mais rapporté au rôle de centième
Et occupé par Charles RICHEBE pouvant valoir douze livres cy 12..
Les dames religieuses dit les religieuses d’Herbaut ? de Béthune cy devant
Propriétaires de cinq mesures de terre occupé par Antoine WIGNERON
non rapporté dans les rolles des vingtièmes mais rapporté aux rolles des
Centièmes
Les dts dames sont propriétaire de trois mesures de terre occupé par
François DUJ….. ? et consort estimé vingt neuf livres cy 29..
Les dames religieuses de la paix de Béthune propriétaires de quatre
mesures de bois occupé par Antoine Joseph LEGRAND
estimé à quarante cinq livres cy 45..
Monsieur le prévôt de la Beuvrière, les dames chartreuses de Gosnay ,
Monsieur l’abbé de Chocques possédent im e arous ? de dixime
Occupé par J CH LE FEBVRE estimé à cent trente livres cy 130..
Les révérends pères chartreux de Gosnay sont propriétaires de cent quinze
mesures de bois sut le territoire de la Pugnoy non rapporté dans
le rôle de vingtième du dit La Pugnoy seulement rapporté dans le rôle de
centième par senfemes ou il est dit payé centième à Gosnay cy mémoire
Les dames religieuses de Lillers sont propriétaires de six quarties ? de terre
occupé par Joseph DUFFRERNES non rapporté au rôle du vingtième du dit
la Pugnoy rapporté au rôle du centième pour mémoire par ou il est dit
qu’il paye centième Allouagne cy mémoire
Monsieur le prévôt de la Beuvrière , les dames chartreuses de Gosnay ?
L’abbaye de Chocques possédent un droit de dixime sur le terroir dudit
la Pugnoy occupé par André DE LIERRE . F .A de la liane non collegé
aux rolles de vingtième dudit la Pugnoy ni au centième. il est
seulement dit dans al répartition payé à La Beuvrière cy pour mémoire
Nous maire et officiers municipaux de la commune de La Pugnoy certifions avoir fait cette déclaration ci dessus pour le plus juste qu’il nous a été possible en foi de quoi nous avons signé à La Pugnoy le trente 8ème 1790
TOURSEL maire MONFROY officier DENEUX Fr greffier
(Les TOURSEL sont venus de Valhuon vers 1750 environ à peu près à la même époque que les VIEZ. les TOURSEL à la Volte, les VIEZ à l’aliette en épousant la fille des fermiers de l’abbé de Chocques du Vieuplez)
Il y avait autrefois sur le territoire de Lapugnoy quatre châteaux dont 2 ont disparus complètement, un autre a été abandonné et un autre a été complètement transformé.
Les deux châteaux complètement disparus sont le château du Mez et le château du Mont Sorel
Le Château du Mez
Agnès de Bernicourt , mariée en 1537 à Pierre de Rouville, mort le 8 mai 1572, était fils de Jean, mort le 26 juin 1542 et d’Isabeau de Genech. Elle était la petite fille de Robert de Bernicourt, conseiller de la ville d’Arras, mort le 10 mai 1484 et de Marguerite Le Roux, dame du Mez le Béthune remariée à Jacques Berthould seigneur Du Ponchel ( Esquisses généalogiques de Mr Du Hays page 404).
La Mez était le nom d’une seigneurie particulière dont on retrouve encore trace dans l’appellation « moulin du Mez » et « Loumetz » . Comme nous l’avons déjà dit en expliquant le mot lametz le mot mez du bas latin mausus mansum désignant une demeure, un manoir avec enclos cultivé. C’est l’analogie avec le mas des méridionaux.
Il y a eu un château ou un manoir sur le monticule qui porte aujourd’hui le nom de mont Thabor et qui est situé en face du mamelon appelé la motte Bauduin. La tradition en fait foi, l’inspection des lieux confirme les dires de la tradition et l’existence de souterrains partant de cet endroit ne laisse aucun doute a ce sujet.
Le mont Thabor s’est appelé autrefois le mont des sarrasins et d’aucuns prétendent qu’il a appartenu autrefois aux Templiers. Ces templiers étant d’après des traditions locales anciennes en partie vêtus de rouge et avaient la réputation d’être très difficiles. Et à propos du dicton « méchant comme un âne rouge » c²’est « méchant comme un moine rouge » qu’il faudrait dire.
Nous avons vu nous même ce souterrain lorsque furent construites les fondations de la maison Decaudin. Le souterrain est voûté et couvert avec une sorte de tuiles épaisses et solides. Ou mène ce souterrain ? Il est impossible des s’en rendre compte aujourd’hui car il y a solutions de continuité par suite de nombreuses maisons construites sur son parcours. Certains pensent que ces souterrains sont peut être des fali….. de tuiles a qu’on ainsi mis à jour. On a trouvé leurs pareils à plusieurs endroits dans Lapugnoy.
Impossible aussi de dire à quelle époque avait été bâti ce manoir, par quels différents seigneurs il fut occupé, à quelle époque il fut abandonné et détruit. Il n’existe aucun document à notre connaissance à ce sujet et la tradition des habitants est muette sur ce point.
Ce que nous savons uniquement c’est que la seigneurie du Mez fut vendue à la famille De Genevieres .
Une notable partie de cette seigneurie du Mez et notamment la colline sur laquelle s’élevait l’habitation du seigneur ne fait plus partie de notre territoire. Elle a été annexée à la commune de Labeuvrière grâce à l’influence de Mr Bassecourt maire de cette commune et membre du district de Béthune lors de la délimitation définitive des deux communes. ( voir dans les archives de l’église des documents sur les agissements de ce fameux Bassecourt qui disait que l’église de Labeuvrière était sale et mal entretenue sous prétexte que le prêtre voulait la blanchir)
On trouve aux archives de Lapugnoy un état du territoire vers 1790 date à laquelle on a du partager ce territoire en douze sections. Les deux premières celle de l’Ayette St Christine et celle de l’Epinette ont été enlevées à Lapugnoy.
Elles se délimitent comme suit :
1 : la section A connue sous le nom de l’Ayette Ste Christine tenant du levant au territoire de Labeuvrière, de midi aux bois de Labuissière, de couchant au courant qui vient de l’ermitage
et de vers mer au chemin de Lapugnoy qui conduits aux riez de Labeuvrière.
2 : la section B connue sous le nom de l’Epinette tenait du levant au ruisseau de l’Ayette Ste Christine, de midi au chemin de Lapugnoy qui conduit aux trous à diale et vers mer à la rivière la Clarence. C’est sur cette deuxième section que se trouve l’emplacement du château du Mez dont on trouve des traces bien évidentes dans le bois qui couronne le mont Thabor. Il y a la deux monticules tellement abrupts qu’ils ne peuvent être naturels. La tradition a toujours conservé la mémoire de ce château et de surplus des titres authentiques y font allusion (notes communiquées par Mr Legrand) .
Cette ablation de territoire faite à Lapugnoy est une injustice et une absurdité c’est une injustice car elle a été faite uniquement pour servir les intérêts d’un homme du sus dit Bassecourt qui voulait avoir sous sa dépendance la Calonnette petite rivière de déversement sur laquelle il voulait établir un moulin
Le premier pluviôse an XI ( 21 janvier 1803) Mr Bassecourt demandait à être autorisé à faire une saignée à la Clarence pour augmenter le débit de la Calonnette. Les riverains protestèrent notamment Mme de Blanville et ce projet n’eut pas eu lieu.
C’est une absurdité car cette ablation fait qu’un territoire et des habitations situées en face et à quelques mètres de l’église et de la mairie de Lapugnoy ne dépendent ni de l’église ni de la mairie de Lapugnoy mais de l’église et de la mairie de Labeuvrière dont ils sont séparés par une plaine et éloignés d’une distance d’une demi-heure environ. Au point de vue religieux cet état de chose est désastreux. Le curé de Labeuvrière abandonne presque complètement cette partie de sa paroisse ou il n’apparaît que quand il y a un casuel à toucher ou une quête à faire.
Le curé de Lapugnoy pour ne pas ne pas avoir l’air d’accomplir cette chose odieuse qu’un théologien célèbre a stigmatisé par cette appellation « Jeter sa faulx dans la moisson d’un autre » « Metere falcum in messum alienam » ne s’occupe pas de paroissiens sur lesquels il n’a pas juridiction, qui ne sont pas les siens, dont il ne peut s’occuper sans ….. les susceptibilités du vrai curé. Ainsi il arrive que ces pauvres gens soient comme un troupeau sans pasteur et vivent dans foi ni loi.
Les habitants de Lapugnoy ont à diverses reprises protesté contre l’annexion à Labeuvrière d’un territoire que la nature indique devoir être le leur et qui leur a appartenu pendant des siècles. Nous trouvons trace de ces réclamations aux registres des délibérations du conseil municipal de Lapugnoy à la date du 25 septembre 1826.
On propose à la commune de Lapugnoy de curer la rivière de la Clarence en 1827. le conseil n’en voit guère la nécessité mais il demande en revanche que la petite rivière la Calonnette soir relevée et curée sur tout son parcours jusqu’à Chocques . Le conseil se plaint de l’enlèvement fait autrefois sur demande de Mr Bassecourt ( alors membre du district) d’une partie du territoire de Lapugnoy annexé à Labeuvrière pour servir les intérêts du dit Bassecourt qui voulait avoir sous son autorité presque tout le cours de la petite rivière sur laquelle il voulait établir un moulin. Les cultivateurs des champs ainsi enlevés à Lapugnoy voudraient bien revenir à l’ancien ordre des choses si possible. Cette réclamation nous parait beaucoup trop anodine pour avoir été écoutée.
Le Château du Mont Sorel
Le mont Sorel est situé au Nord Ouest de Lapugnoy tout proche du territoire d’Allouagne à environ 500 métres du château de la Vasserie. La tradition a conservé le souvenir de l’existence d’un château au mont Sorel à l’endroit ou se trouve aujourd’hui une prairie.
On trouve à la mairie des documents qui font mention des habitants du mont Sorel.
L’acte de l’état civil du 31 avril 1643 mentionne le baptême en l’église d’Allouagne d’une fille à Mgr de Santhord allié à dame Claude de Boyaval fille du seigneur du mont Sorel non mariée Jacqueline Florence
Aux acte de l’état civil en 1658 le dernier jour de juillet naissance de Françoise Béatrix de Hautfort. E F les actes de 1659- 1661 et suivants
L’acte de l’état civil du 3 février 1714 indique la naissance d’un garçon de Louis Joseph Carpentier fermier du mont Sorel et de Marie Madeleine Bicault son épouse.
L’acte de l’état civil de 1761 est ainsi conçu :
« L’an de grâce 1761 le 2 juillet est décédé Pierre Philippe Covet vivant dans le célibat âgé de 70 ans environ demeurant au mont Sorel lequel n’a reçu que le sacrement de pénitence n’y ayant pu venir en temps pour lui administrer les autres, fils de feu Jean Baptiste et défunte Marie Catherine Couteau et le lendemain son corps fut conduit dans l’église de Lapugnoy sa paroisse par moi curé soussigné et lui ay chanté le service solennel sur le corps après le quel service à la prière des parents ai reconduit le corps jusqu’au terroir d’Allouagne ou j’ai trouvé le curé de la dite paroisse avec son vicaire et sa confrérie auquel j’ai cédé le cadavre …… de ma paroisse auquel cou .. ? abandon du corps avec les conditions……
Présents :Jean Baptiste Bourdon son fermier et les autres soussignés
Signé J B BOURDON Jacques DEVART A BOCQUILLON curé
L’acte de l’état civil du 28 février 1763 porte : mort de Marie Josèphe Monfroy 49 ans épouse de Louis Moulin fermier du mont Sorel
L’acte de l’état civil du 13 mai 1766 porte : naissance d’un fils à Louis Moulin fermier du mont Sorel ( remarié). de même l’acte d’état civil du 20 janvier 1768 et du 17 février 1769
Dans les archives de la Morinie se trouve le testament de Jeanne Claude de Boiaval dame du mont Sorel y demeurant. Ce testament signé de la testatrice et de M Bougeois curé de Lapugnoy est entièrement illisible du moins pour nous. Nous n’avons pu y lire que la fondation d’un obit lequel obit aurait été fondé sur la cense de la Motte ( cense de la motte de Divion et non de la motte Bauduin) .
Sur ces documents il résulte qu’il y avait sur le mont Sorel un château ou manoir dans le quel est née Françoise Béatrix de Haufort , dans lequel est mort René Philippe Capret enterré à Allouagne après un service solennel à Lapugnoy , dans lequel a habité Jeanne Claude de Boiaval.
Dans ces documents il ressort en second lieu il y avait au mont Sorel tout proche du château, attenant au château une ferme habitée par la famille Moulin. ( On croit aussi que le château du mont Sorel après avoir été habité longtemps par les seigneurs de ce nom car on les voit figurer à une très haute antiquité dans différents actes a été abandonné par eux sans doute à la suite du mariage de la dernière héritière.le château sera alors devenu une simple ferme comme l’était le mont Eventé avant la derniere reconstruction en 1781. les registres de catholicité donnent plus d’actes que Mr le curé n’en a copié. C’est à Allouagne que l’on aurait chance de trouver des renseignements sur ce point.
Le Château du Mont Eventé
La terre du mont Eventé appartenait au XVI ième siècle à Anne de Ranchicourt , vicomtesse et baronne de Barlin , dame de Ranchicourt , de Durons , de Rouiy ( Ruitz) , du Mesnil , de Herrin , de Wasquehal , de Tostre ? , du Mont Eventé. Cette Anne de Ranchicourt fut mariée le 18 juillet 1533 à Guy de Bournonville chevalier seigneur de Caspres , de Houreck , de Lanvin, de Montigny ….. baron de Haulefort mort à la fin de 1544.
De Guy de Bournonville et Anne de Ranchicourt, la terre passa à Ouelart de Bournonville marié le 22 octobre 1579 à Marie Christine d’Egmont.
De Ouelart de Bournonville et Marie Christine d’Egmont , elle passa à Alexandre Hippolithe Balthazar de Bournonville , duc et prince de Bournonville marié le 16 mai 1656 à Jeanne Ernestine Françoise princesse de Aremberg
De Alexandre Hippolithe Balthazar de Bournonville et Ernestine Françoise princesse de Aremberg elle passa à Alexandre Albert François Barthélemy duc et prince de Bournonville marié le 29 août 1682 à Charlotte Victoire d’Albert de Luyes puis à Delphine Victoire de Bournonville née le 23 octobre 1696 vicomtesse et baronne de Barlin , dame du Mesnil, de Ruit, de Ranchicourt, de Rebreuve , d’Estreel , de Fratu , du Mont Eventé amarié à Victor Alexandre de Mailly , marquis de Mailly .
La terre du Mont Eventé a été vendue le 4 septembre 1722 au Sieur Jean Charles Delvignes écuier.
En 1782 la seigneurie du Mont Eventé passe dans la famille Du Hays par le mariage de Jacques François Joseph Sylvain Du Hays de la …… ? avec Marie Françoise Charlotte de la Vigne dame du Mont Eventé. La famille Du Hays entrée par cette union dans la seigneurie du Mont Eventé remonte à une très haute antiquité. Son origine est écossaise. Les anciens historiens racontent que sous le règne de Kermeth III, en 980, les Danois ayant vaincu les Ecossais à la bataille de Lomarty, un habitant de la contrée accompagné de ses 2 fils parvint à arrêter les fuyards, à les ramener au combat, et à sauver le royaume. Après la défaite entière des danois l’intrépide vieillard, blessé et accablé de fatigue et couché sur le champ de bataille répétait le cri d’encouragement Hay ! Hay !Hardi ! Hardi ! qui devint dès lors le nom de sa postérité ! Il fut l’objet des plus grands honneurs et il reçut à titre de récompense du service qu’il venait de rendre à la patrie toute l’entendue du pays qu’un faucon lâché parcourut en son vol. La pierre sur laquelle l’oiseau se fixa est encore nommée dans la contrée de Gowy la pierre du faucon. Cet homme